Lors de la promotion de son précédent roman en 2013, je me souviens avoir été subjugué par son passage à l'émission la Grande Librairie sur France 5. Vêtue de rouge et rayonnante de beauté, elle illuminait le plateau et puis quand elle a pris la parole, il s'est avéré qu'en plus la dame, pourtant sans doute peu habituée de ces grands-messes télévisuelles savait trouver les mots et le ton pour vendre son roman une faiblesse de Carlotta Delmont (un roman au montage particulier qui ne me tentait pas)...mais je vais arrêter là sur le sujet de Fanny Chiarello (née à Béthune en 1974, c'est à dire comme moi, sous Pompidou) ma femme en deviendrait jalouse. Et je me suis juré de lire le suivant quoi qu'il advienne fut-il un éloge de la vie monastique ou une critique de la permaculture.
Depuis, l'auteur a écrit quelques romans pour l'Ecole des loisirs (maison que je connais très bien, mes filles y ont été abonnées via l'école..et il est loin d'être impossible que l'une d'elles a lu du Fanny Chiarello) et puis elle est revenue à la littérature proprement dite avec la sortie de dans son propre rôle en 2015.
Je le dis de suite : je n'aurais pas lu ce roman s'il avait été écrit par quelqu'un d'autre que cet auteur. La quatrième de couverture m'aurait laissé indifférent (et on ne peut pas tout lire) :
Une farandole silencieuse au clair de lune accueille Fennella pour son arrivée à Wannock Manor, cette vaste demeure aristocratique où elle débutera dès le lendemain matin, à six heures, comme domestique.
Pendant ce temps, Jeanette pleure rageusement sur le cadavre d'une mouche dans une suite du Grand Hôtel de Brighton, où elle est femme de chambre.
Deux scènes de la vie quotidienne, en Angleterre, en 1947. Deux existences que tout semble séparer, dans ce pays où les différences de classe sont encore un obstacle infranchissable entre les êtres.
Fennella a perdu la parole à la suite d'un traumatisme. Jeanette est une jeune veuve de guerre qui a perdu tout espoir dans la vie. Une lettre mal adressée et une passion commune pour l'opéra vont provoquer leur rencontre et bouleverser leurs destins.
Le cheminement intérieur de deux femmes en quête d'absolu et d'émancipation, c'est ce que raconte ce roman sombre comme le monde dans lequel elles semblent enfermées, et lumineux comme l'amour qui les pousse à s'en libérer.
Je rassure ceux qui ne sont pas attirés par ce genre (dont je fais partie), la passion pour l'opéra de ces deux domestiques sert juste de prétexte à leur rencontre. L'essentiel est ailleurs. Ce roman à l'écriture très riche mais sans afféterie est avant tout l'histoire de deux femmes aux tempéraments différents mais que les soubresauts de l'histoire additionné à une erreur d'adresse postale vont faire se rencontrer. On plonge au cœur des années d'après guerre et si l'Angleterre se reconstruit (en gardant évidemment son modèle aristocratique aujourd'hui encore loin d'être enterré), la population garde encore les stigmates du conflit, Fennella et Jeanette sont deux veuves parmi des milliers d'autres (encore que concernant Fennella, on ne peut pas parler de veuvage). Elle sont toutes les deux domestiques dans deux villes différentes et Fennella, muette depuis un traumatisme de guerre décide de rencontrer Jeanette parce qu'elle pense que cette dernière de par sa passion pour l'opéra (et pour Kathleen Ferrier en particulier) a quelque chose à lui apporter et parce que Fennella sans trop en avoir conscience est lasse de sa condition de domestique, tout comme Jeanette qui n'a que faire de ses collègues mais dont le chagrin est plus fort que l'ambition.
Je serais trop macho en affirmant que ce roman est plutôt écrit pour les femmes...que la plume de Fanny Chiarello est d'une sensibilité avant tout féminine..mais dans son propre rôle est tout sauf un roman féministe. Il nous rappelle avant tout la difficulté de faire le deuil de celui avec qui on voulait lier sa vie, l'aberration aristocratique anglaise et le déterminisme qu'elle induit.
Le petit reproche que je ferais (et que je fais souvent notamment concernant les liaisons dangereuses) est que les discussions entre les deux domestiques (Fennella s'exprimant via un carnet) sont trop raffinées pour être crédibles, l'auteur ne parvenant pas à prêter sa plume à ses personnages.
Pour le reste, c'est bien construit, Fanny Chiarello possède sans conteste l'art du roman et elle a ce génie, ce talent de tous les gens nés sous Pompidou -).
Loïc LT
éditions de l'Olivier, parution : janvier 2015, lecture : mars 2015, kindle, 236 pages. note : 4/5
Pendant que je traînais ma misère dans ces tristes bourgs de la Bretagne intérieure disposant de cabines en piteux état, je lisais aussi surtout le soir et souvent la nuit le dernier opus de Virginie Despentes intitulé Vernon Subutex. Du même auteur, j’avais déjà lu apocalyspe bébé en 2010, et il m’avait beaucoup plu me rappelle 
Longtemps j’ai confondu Marguerite Yourcenar et Marguerite Duras. C’est ainsi, il y a des pans entiers de la littérature qui me sont encore totalement inconnus. J’assume. Mais si tout se passe bien, j’ai encore à peu près 50 ans à vivre. Et comme j’en ai fini avec le
Cela fait deux mois que j'ai lu ce roman et je n'ai pas été pressé d'en faire le compte-rendu...pour trois raisons : je me lasse un peu des comptes-rendus dans lesquels je trouve qu'il est difficile de partir en live, il y a des règles et des contraintes quand on fait une critique et je préfère digresser sur n'importe quoi comme dans mes précédentes notes. Deuxièmement, le lieu commun comme quoi un auteur écrit toujours le même livre n'est jamais si vrai que lorsqu'il est question de Modiano...et ce dernier roman qui est très bon est égal aux autres, reprend les mêmes thématiques, les mêmes méthodes...avec ceci dit peut-être encore plus de talent parce que forcément, l'auteur, à force de, améliore son art. Enfin, troisième raison, il y a ce prix Nobel qui m'a un peu coupé l'herbe (des nuits) sous les pieds. Je ne voulais pas avoir l'air comprenez-vous...pas avoir l'air de m'être jeté sur le dernier Modiano parce qu'il venait d'obtenir la consécration ultime.
Un soir, je m'apprêtais à partir faire mon footing et j’étais dans la chambre en train de me mettre en tenue quand je tombe sur ce livre dans la bibliothèque de ma femme. On le lui avait offert à noël. Son titre et sa couverture ne me donnent pas envie...mais par curiosité comme ça, je le prends et commence à le lire histoire de voir vite fait de quoi il en retourne. Je lis le premier chapitre rapidement et file.
Tranquillement et sans que cela soit prémédité, je prolonge ma série de lectures sur le thème de la première guerre mondiale. Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre avait ouvert le bal, suivi des croix de bois de Roland Dorgelès. Un peu pour faire pendant à ce dernier, je m’étais dis que serait ingénieux de trouver un récit autobiographique mais écrit par un soldat allemand. Orages d’acier s’est donc imposé et ce pour deux raisons : il est considéré par beaucoup comme le meilleur récit sur le sujet de la guerre de tranchées ( par André Gide par exemple) et je garde un souvenir exquis des falaises de marbre.
Je n'avais pas lu un Agatha Christie depuis au moins 25 ans. Je me souviens qu'abonné à la bibliothèque de Languidic, je m'y rendais régulièrement à vélocipède, j'empruntais 2 ou 3 Agatha que je dévorais dans les bois et les champs environnant Berloch, puis je les rendais et en reprenais d'autres. Cela a duré jusqu'à épuisement. Après, je ne me souviens plus ce que je me suis mis à lire ; il y a eut les Maurice Leblanc, les Gaston Leroux, puis les Stephen King je crois puis Zola aussi à cette période-là. C'était vraiment bien. C'était tout un monde qui s'ouvrait à moi. Paradoxalement, en ces temps collégiens, je détestais le français, j'étais même un des pires éléments de la classe. En quatrième, j'avais une prof qui m'avait pris en grippe. Je ne m'explique pas trop tout cela.
Ceci est une histoire vraie. Le type s’appelle Eddy Bellegueule, ça commence déjà mal pour lui. Il voit le jour dans le nord de la France (je ne dis pas 'décidément') et habite dans une maison en briques rouges. Son père est un ouvrier alcoolique qui mate des films pornos même pas en cachette et sa mère est une femme au foyer qui s’occupe de ses nombreux enfants. Tout le monde se connaît dans le village et l’on n’ aime pas trop la différence. Le soir dans les maisons, TF1 règne, les hommes boivent et battent souvent leur femme pendant que les ados font de la mobylette et se retrouvent dans des hangars ou des abris bus pour boire de la bière. Tout le monde peste contre les arabes et les noirs (absents du village pourtant). Eddy grandit dans cet univers populaire et crasse. Très vite il se sent différent. Au grand désespoir de ses parents, il préfère faire du théâtre que de jouer au foot. Ses manières efféminées font jaser, on se moque de lui. Tête de turc au collège, Eddy se refuse à admettre son homosexualité alors il se force avec les filles mais ça ne marche pas. Son corps qu’il haït et tente d’amadouer ne désire décidément pas le sexe opposé. L’enfance et l’adolescence d’Eddy sont un vrai chemin de croix, une lutte contre lui-même et contre les préjugés.
Je vous présente la cause de ma longue absence de ce blog : elle s'intitule le chardonneret qui avant d'être un roman est un tableau et avant d'être un tableau un oiseau (dont j'ignorais l'existence). Passons sur l'oiseau, arrêtons-nous sur le tableau. Exposé dans un musée de New-York, il représente comme son nom l'indique un chardonneret qui se tient sur un perchoir auquel il est relié par une chaîne. Il fait 33*22cm. Assez petit donc et une des raisons pour laquelle la romancière Donna tartt (dont j'avais lu il y a 20 ans le fameux maître des illusions) l'a choisi comme fil rouge de son dernier roman dont je suis venu ici vous dire ma première et dernière impression.